Ce mot d'accueil proposé par Pascal tient lieu aussi de témoignage, au nom des trois enfants d'Antoinette et Hubert.
Notre Maman s’est éteinte doucement dans la nuit du 6 au 7 août, sans souffrance nous a dit le médecin. Elle avait eu 96 ans le 1er janvier ; oui elle était du jour de l’An, il ne fallait pas oublier son anniversaire ! Elle a donc choisi de partir au même âge que notre Papa. C’est au cours de ce second trimestre que nous ses enfants l’avons vu diminuer rapidement refusant en dernier la nourriture, perdant ses forces et restant alitée quasi toute la journée. Sans doute jugeait-elle que sa vie terrestre était terminée. Elle avait depuis longtemps passé le flambeau, il était venu le temps pour elle de s’en aller.
Antoinette que les gens du village appelaient « Nénette » est née le 01 janvier 1929 à Aprey. Fille de Cécile et Gaston Coupas, Notre Maman avait un frère aîné Bernard décédé il y a 10 ans. Hélas leur Papa, notre grand-père Gaston, est mort dans la force de l’âge, à 40 ans, emporté à Montpellier par la guerre alors que ses enfants n’avaient que 12 et 14 ans. Grand-mère Cécile, qui de naissance n’avait qu’un bras, les a élevés chichement dans les deux uniques pièces à vivre d’un corps de ferme situé en haut du village. Nous, ses petits-enfants n’avons pas connu ce grand-père, sinon sur les quelques photos jaunies de l’époque.
Antoinette a épousé Hubert, un grand et vaillant jeune homme du village d’Aprey, le 27 avril 1949. Notre Papa avait repris la petite exploitation familiale du Raymond, le frère de l’instit’ à ce qu’il paraît assez sévère avec ses élèves, et a fait prospérer celle-ci en compagnie de notre Maman jusqu'à sa retraite. De cette union sont nés 3 enfants : Alain en 1950, Danièle en 1953 et moi-même en 1958 ; le « petit » dernier.
Ensemble ils ont passé toute leur longue vie à Aprey, travaillant dur et ayant le souci d’apporter les belles valeurs rurales à la petite famille. Tandis que notre Papa faisaient les travaux des champs, notre Maman tenait le foyer : cuisine, lessives (à la main au lavoir), jardin, conserves et bien sûr s’affairait aussi aux travaux de la ferme : traite, déchargement des chariots de fourrage, etc... Bref ici tout le monde connaît sauf peut-être les moins de 2 fois 20 ans. Tandis que notre Papa était quelques fois un peu sanguin - la météo y était aussi pour quelque chose quand elle perturbait les travaux des champs - notre Maman était quand à elle toujours d’une humeur égale même si elle avait aussi son petit caractère. On se souvient aussi des fêtes de famille, les repas copieux, les bons desserts. Maman était une excellente cuisinière, la preuve…
A leur retraite Antoinette et Hubert ont enfin pu s'offrir des petits séjours chaque année avec la MSA dans plusieurs régions de France et étaient ravis de pouvoir rencontrer d'anciens agriculteurs comme eux et avec lesquels ils avaient gardé des contacts. Ils ont également participé assidûment aux rencontres hebdomadaires à la salle des fêtes, jouant aux cartes et jeux de société et dégustant quelques gourmandises partagées. Ils ont aussi été acteurs notamment au fameux son et lumière de 1994 « APREY ou "La naissance d'une splendeur nommée Faïence" 250 ans plus tôt ». A la retraite Maman a dû « supporter » la reprise du piano à bretelles que Papa avait délaissé durant son activité agricole. Mais ce ne fut pas difficile, Maman aimait le son de cet instrument et autrefois eux deux dansaient si bien au bal du village.
Si notre Papa a pu être un grand serviteur de la commune comme le soulignait Gilles lors de ses obsèques en novembre 2021 : conseiller municipal, sapeur pompier bénévole, président des bouilleurs de crus et j’en passe… c’est bien parce que Maman était investie, elle, dans les tâches de la vie courante du foyer. C’est un vrai travail aussi !
Aujourd’hui nous entourons tous notre bien aimée « Nénette » dans ce passage où elle va rejoindre son Hubert. Sûr que de là-bas, ou plutôt là-haut au paradis des bonnes gens, ils sauront veiller sur nous comme ils l’ont toujours fait.
A Dieu ma Maman, notre Maman, nous t’aimons fort et ta place sera toujours ici dans nos cœurs. Alain, Danièle et moi on te fait de gros bisous et n’oublie pas d’en faire un énorme aussi à Papa de notre part quand tu vas le retrouver. Dis lui bien combien on pense fort à lui !
Pascal